Début décembre impliqua encore pour moi une forte mobilisation en faveur de nos projets. Le 5 décembre, déplacement au Chambon et au Puy pour de nouvelles interviews en faveur du Collège et de la Pentecôte, à Lyon le 6 et Genève le 7 pour nos réunions d’anciens, a Paris le 12 et le 13 pour le 6ème forum de l’éducation à la non-violence et le 5 au Salon de l’éducation où je pris de nombreux contacts en faveur du Collège. En contrepoint, hors blog, beaucoup d’échanges épistolaires et de vive voix avec les membres du conseil d’administration du Mir, avec le président de la Coordination de le décennie pour l’éducation à la non-violence avec la présidente et le directeur du Collège, pour définir ce que nous pouvions convenir comme contenu pertinent lors de la rencontre.

Tellement mobilisé par la force du mouvement imprévu né cet été, j’avais pris du retard sur mes propres charges professionnelles et familiales. Si je pouvais compter sur la compréhension de mes proches je ne pouvais pas augurer d’une même mansuétude de mes employeurs… D’autant qu’ayant prévu de longue date un voyage au Brésil de deux semaines, il me fallait en plus anticiper sur les conséquences de cette absence. C’est ainsi que vous vous êtes inquiété de me voir moins présent sur le blog en décembre. Le temps me faisait cruellement défaut pour écrire. D’autant, vous l’avez encore constaté ces dernières semaines, que, quand on parle du Collège avec ceux qui en sont parties prenantes, chaque mot, chaque pensée, chaque intention, méritent d’être profondément réfléchis tant les tensions accumulées par le passé font ressurgir à la moindre occasion des crispations qui n’ont pourtant pas lieu d’être. Je vais y revenir.

Certains se sont même inquiété de mon moral ! Laurent aurait-il « craqué » ? Nous abandonnerait-il ainsi après avoir lancé cette dynamique ? Etc… J’ai reçu en ce sens certains témoignages. Merci de votre attention a mon égard mais soyez rassuré. D’abord je n’ai rien lancé ! C’est VOUS tous qui avez décidé de vous lancer dans cette nouvelle aventure, renouant par là, les fils de notre passé avec le présent et l’avenir en marche. Cette dynamique appartient donc à tous et elle existerait sans moi, fort heureusement. Ensuite je ne suis pas de ceux qui s’éteignent aussi vite qu’ils ne s’enflamment. Mon investissement est à la proportion de ce que je peux offrir. Je sais le freiner et le dire si cela devient trop lourd. Je sais aussi me donner une succession d’objectifs gradués : les premiers, accessibles, pour nourrir la satisfaction du travail fait, les seconds, très ouverts et plus ambitieux, pour toujours se porter au-delà de ce qui serait simplement trop facile.

Le « facile » il est déjà acquis ! Rappelez-vous, cet été nous étions quelques uns a nous dire que ce serait bien que nous nous retrouvions cette année au Collège. Cet objectif n’est il pas déjà largement assuré ?

Chemin faisant, nous avons renouer avec notre association des anciens (AACC) avec laquelle nous nous étions mutuellement perdu de vue. Nous avons rétabli contacts et échanges confiants avec l’administration et la direction du Collège (AUCC). Nous avons mis autour d’un même projet, les acteurs du Collège au présent, ceux de son histoire passé et tous les Chambonnais et plus encore. Le plateau du Lignon, la Haute Loire, la Fédération protestante, le Mir, les Amis Américains, la Ligue de l’Enseignement sont quelques unes des institutions qui ont renoué ou densifié leurs relations avec le Collège depuis cet été. Alors qu’une telle réunion d’énergie nous avait d’emblée apparue comme impossible tant elle était abîmée par les blessures passées, nous avons constitué un groupe de pilotage pour porte a bien ce projet devenu commun. Et a titre personnel nous avons tous renoué avec des amis perdu de vue depuis des décennies et nous nous sommes découverts encore plus de nouveaux amis qui dureront bien au-delà.

Tout « ça », nous ne l’avions pas précisément défini au préalable. Il résulte simplement de notre volonté d’aller toujours un peu plus loin dans notre ambition et de faire ce qui peut être fait en gardant en tête quelques principes auquel je suis certains nous adhérons tous :
- Avoir pour priorité dominante la viabilité du Collège en le conservant bien inscrit dans ses fondamentaux. Soutenir et respecter ceux qui ont la charge opérationnelle.
- Respecter tous les contributeurs passés et actuels de son histoire. Taire les jugements à l’emporte pièce sur les uns et les autres. Faire confiance. Aller vers l’autre.
- Construire nos projets en commun. Sans exclusive. En toute transparence. Réunir tout ce qui était jusque là trop épars. Emporter la conviction par le dialogue et sans violence.

Or il existe une violence que nous avons produite « malgré nous ». C’est cette mobilisation dont nous tous sommes parties prenantes. Songens plus souvent à tous ceux qui œuvrent pour le Collège depuis des décennies, taiseons les critiques spontanées et imagineons les possibles ressentis. Voilà que tout a coup, alors qu’ils étaient isolés, esseulés, ne comptant plus que sur leur propre abnégation et n’étant nourris d’aucune considération extérieure, qu’un raz de marée survint. Contre eux, pour eux, malgré eux ? Comment savoir ? Il était donc classique qu’une certaine défiance apparaisse de prime abord. Celle-ci ne peut s’estomper en quelques mots. Il faut pour cela des actes et donc du temps. La difficulté c’est que nous manquons de temps. Et si certains d’entre nous parviennent a maîtriser le rythme nécessaire à nos objectifs, ceux qui auraient besoin d’être rassuré pour s’y joindre ont plus de difficultés. Nul doute que tous ceux-ci vont se rejoindre.

Il n’existe aujourd’hui que des initiatives positives. Et la multiplicité des initiatives n’est pas cacophonie. La pluralité des points de vue n’est pas un symptôme de division mais bien de vitalité. Initiatives et vitalité autour du Collège, qui pourrait ne pas s’en réjouir ? Qui oserait s’en affecter ?

Nous formons une communauté de fait, constituée d’anciens du Collège, qui se sont retrouvés sur internet grâce à ce blog et dont le réseau s’est élargi a biens d’autre. Ce groupe d’ancien s’est auto constitué sans autre légitimité que son droit et son plaisir à agir ensemble dans l’esprit des principes sus-dits, jamais préalablement définis, mais pratiqués sans faille. C’est toujours mieux que le contraire (écrire des principes que l’on ne respecte pas).

Réuni à Lyon et a Genève, nous sommes convenus de deux autres dates de réunions à venir : la première au Chambon le 17 janvier, afin de permettre au maximum de Chambonnais de participer et de convenir rapidement du programme de la Pentecôte 2009, l’autre le 14 février, au Collège sans doute, en marge de l’AG de l’AUCC où un certain nombre d’entre nous serons de toute façons présents. Afin de renforcer le rôle de notre association, l’AACC, j’ai suggéré à son président d’organiser une réunion d’anciens, mais une réunion d’anciens qui accepte de se solidariser au sein de l’association et non en dehors. Une réunion de tous les adhérents d’une association cela s’appelle une assemblée générale et cela n’a rien de gravement formaliste. Si Antoine, son président, n’a pu se trouver, faute de moyens de communication adéquat depuis plus d’un mois en situation de porter cette suggestion, il a depuis eu l’occasion d’en confirmer le bien-fondé et de s’y associer. Il sera présent lors de cette assemblée pour la présider comme il se doit. Nous aurons donc l’occasion de discuter des actions a venir et de de renforcer comme il se doit l’équipe en place.

Que tous ceux qui ont envie de travailler ensemble en commun et en confiance se retrouve le 17 au Chambon et que les autres passent leur chemin. Car non-violence et tolérance ne m’interdiront pas de dire le jour venu, publiquement, à tous les barguigneurs et autres clampins, s’il devait y en avoir (ce qui est peu probable), qu’ils nuisent gravement à la communauté et à l’esprit du Collège et que cela doit maintenant cesser.