Joël Hannier, né en 1949, compositeur, travaillant aujourd’hui dans le cadre du MIDEM (création, orchestration et interprétation) est un des anciens prof de musique du Collège. Qu’est ce qui vous a fait venir au Chambon ?
Le Collège Cévenol, où il y avait une proposition pour créer un bac musical, à l’époque A3 qui est devenu F11, et l’ancien ministre de la santé Jack Lang (qui avait pourtant créé la fête de la musique) à largement baissé les heures de musiques dans l’enseignement secondaire. Mais vraiment j’ai passé au Collège des années magnifiques ; après avoir repris la chaire de monsieur Marques, que beaucoup d’anciens connaissent, et je crois avoir su faire passer l’amour de la musique.
Ce que je voudrais dire c’est que parfois je ressens comme un besoin vital pour le Collège de s’ouvrir encore plus vers l’extérieur, et si c’est un nouveau projet pédagogique actuel, alors bravo, je ne peux que l’encourager.
J’aimerais aussi qu’on arrête de critiquer comme cela se fait parfois, les collégiens pour ce qu’ils font. Parfois ils font des bêtises, c’est vrai, mais parfois il font aussi de bonnes choses et cela on en parle moins …
Mais les choses changent avec les hommes et les femmes, et je dois dire que je suis très content des rencontres de nouveaux responsables que j’ai pu faire tant au Chambon qu’au Collège. Toute musique et forme de musique est respectable, encore faut-il avoir la chance de rencontrer les gens qui ont la possibilité de faire vivre un établissement.. Le Collège Cévenol, ce n’est pas un collège, ce n’est pas un lycée, c’est quelque chose qui est un village, qui est une ville, on y passe une partie de sa vie. Si on ne donne pas Collège les moyens de faire ce pourquoi il est fait, il sera critiqué de ne pas y arriver, mais si lui donne les moyens, il ne sera pas critiqué, et dans le futur (je ne serais sans doute plus là) on dira, les élèves diront : « j’ai passé de bonnes années au Collège » !


Ils le disent déjà depuis un certain temps, si j’en crois ce que je lis sur le blog. Vous m’avez dit que vous étiez au courant de la manifestation de Pentecôte2009, Qu’est ce que ça vous évoque ?
Je pense au 50ème, qui avait été un réel succès, la télé était venue, des personnes comme Maurice Baquet, on avait tourné des films… Ces films existent-ils encore ? Ma femme vous dirait que c’est paraît il introuvable, car les gens qui ont ces films ont quitté le Collège et sont éparpillés dans la nature. Au Collège lorsque je suis arrivé, j’ai rencontré cette magnifique personne qu’était monsieur Marques. Je venais de Paris et de Trouville, ayant exercé comme directeur de conservatoire, et je suis arrivé un soir sans bagage, et je conserve ce souvenir de Roger Hollard me disant : « ici il n’y a pas de problèmes, tu vas loger chez nous jusqu’à ce que tu sois organisé », quel accueil. Je pense à d’autres personnes comme Rolf Dickmann, Michael Hortz, des gens fabuleux, des élèves incroyables, car c’est ça le Collège Cévenol, ces gens incroyables qui s’y retrouvent. Je dirais que mon sentiment est que malheureusement un peu de cette âme a disparu… je crois bien évidemment qu’il y reste quelque chose de fort, mais quand même je crois qu’il y manque quelque chose.

Alors cette rencontre de Pentecôte2009, pour essayer de trouver ensemble des solutions, qu’en pensez-vous ?
C’est vachement simple Sam, il ne faut pas dire « je vais faire quelque chose pour le Collège », il faut le faire ! Tu vois , je fume, bon, c’est mon défaut, OK Je prends une clope, mais je ne l’allume pas , je n’ai donc pas de défaut, voilà, c’est un peu ça le problème. Alors le problème il est très simple, qu’est ce qu’on peut faire, si on ne trouve pas de l’argent car le Collège est endetté, et ça il faut le dire, la mairie du Chambon est endettée, tout le monde est endetté, et il faut arrêter de dire, Le Collège était génial, car même chez les hommes on peut avoir été génial, mais les vicissitudes de la vie font que l’on perd son côté génial, et on ne doit pas être tourné vers le passé en répétant inlassablement , dans le temps j’étais génial, non ce qui compte c’est le présent et par dessus tout le futur !
L’avenir il est très simple, il faut remettre, pour sortir ces jeunes qui traînent au Chambon pour fumer je ne sais quoi, en marche une éducation musicale de haut niveau. La musique est universelle, elle aide ceux qui souffrent, elle est avant tout une discipline, librement consentie.
Quant à Pentecôte 2009, vous avez mon soutien plein et entier, et j’invite les plus grand nombre d’ancien à nous rejoindre. En tout cas, moi, je serais là. Évidemment.

Propos recueillis par Sam Debard