On n’a pas été nombreux à aller dans ce sens. Le projet de lycée n’a pas abouti à Saint-Agrève et la région à choisi de le créer au Cheylard. Je reste bien sûr très attentif et très ouvert à ces idées de pôle éducatif sur le plateau. Mais c’est complexe et je regrette que l’on arrive que très difficilement à raisonner en dehors de son académie, de son département, de sa région. On s’aperçoit qu’il y a souvent de la part des responsables locaux la volonté de travailler ensemble, mais il y aura toujours des obstacles infranchissables. Le gros problème de notre entité plateau c’est d’avoir cette coupure administrative qui multiplie les efforts à fournir.

Nous sommes dans un pays à part. J’ai interviewé votre collègue de Tence qui est très intéressé par notre démarche, car il ne m’a pas caché qu’il allait prendre contact durant cette manifestation de Pentecôte, avec des anciens qui sont chefs d’entreprise et qu’il invitera à venir sur le plateau installer des éléments industriels. Pensez-vous de même ?

Bien sûr, on a aujourd’hui encore plus que par le passé besoin d’installer des actifs et donc créer des activités. Bien évidemment il faut mettre en œuvre un certain nombre d’actions pour les accueillir : santé, éducation logement, transports et loisirs, telle est la hiérarchie demandée.
Parallèlement à cela on peut toujours penser que des gens qui à un moment agréable de leur vie, les études c’est agréable, ont connu le plateau, puissent être des cibles et avoir envie de venir créer de l’activité ici. C’est une occasion intéressante pour des prises de contacts.

Donc un jeune chef d’entreprise qui souhaite s’installer à Saint-Agrève, et qui a des enfants en âge scolaire, ne croyez vous pas que le fait de devoir faire une heure de deux fois par jour pour se rendre au Cheylard soit un frein à l’installation du dit entrepreneur ? Alors que le Collège Cévenol est à 7 minutes en voiture.

Ce problème ne se pose qu’à partir de la classe de seconde car Saint-Agrève possède un collège qui je l’espère se maintiendra encore longtemps même si le projet de groupement d’établissements me préoccupe. Mais au moment de l’entrée en seconde les parents se posent toujours la question et demandent conseil.
A Saint-Agrève, certains principaux de collège sont plutôt « légitimistes », et vont conseiller le lycée du Cheylard parce qu’il est le lycée de référence et qu’il a un fort taux de réussite au bac, d’autres ne vont pas influencer. Quoi qu’il en soit les parents ont toujours la liberté de choix. A titre personnel, ma fille était au Collège cévenol, mon fils est lui interne au Cheylard, pour éviter les voyages quotidiens et pour une question de filière. Alors finalement au delà du temps de transport et du taux de réussite au bac, le choix en faveur du cévenol  est surtout déterminé par une spécificité de l’établissement qui repose sur l’histoire même de sa création autour des valeurs de paix, de non violence et d’internationalisation. Ce sont ces valeurs qui le rendent unique et lui confère une image et une attractivité particulière. Pour assurer l’avenir, il est d’intérêt de remettre en avant ses spécificités qui sont en adéquation avec l’histoire du plateau et auxquelles un jeune chef d’entreprise peut être sensible tout comme une partie de la population locale.

Donc Pentecôte 2009, avec peut être plus de 1000 personnes, beaucoup de chantiers en place, beaucoup de choses qui avancent, et je vous rappelle que vous allez être lu par des gens du monde entier, ce qui est le Collège Cévenol, car la mémoire du cévenol c’est avant tout ses anciens, et j’aimerais savoir ce que Maurice Weiss pense de cette manifestation.

Je pense que c’est un très bonne idée de fêter ce 70ème, et dans le fil de ce que nous disions, dans le contexte de la mondialisation du libéralisme et de la crise que l’on voit se développer, si cet anniversaire remet en évidence des valeurs de solidarité de lien social de résistance , d’unité quelque part, c’est une bonne occasion de remettre ces thèmes en valeur. Il y a un an nos responsables politiques étaient encore sur l’idée que le libéralisme était ce qu’il y a de mieux et aujourd’hui on prend le sens inverse, pour essayer de sortir de la crise. Remettre en valeur l’idée que l’être humain est d’abord ce qu’il y a de plus important, et que les conditions dans lesquelles il vit doivent être les premières choses à prendre en compte, plutôt que le profit, sans nier bien évidemment qu’il faille une économie, mais sans doute une économie plus solidaire. Si on n’intervient pas lors du 70ème sur le développement économique, car ce n’est pas le thème, il convient de se remémorer qu’il y a eu des initiatives il y a 70ans qui ont été prises dans le sens de la paix, la solidarité, de l’antisémitisme. C’est très utile de le rappeler à notre époque.

Alors le Maire de Saint-Agrève sera-t’il parmi nous ?

J’espère bien pouvoir être présent. Je serais également très heureux à cette occasion de rencontrer les anciens collégiens, à qui je souhaite d’abord la bienvenue sur le plateau, et j’espère que nous aurons l’occasion de nous rencontrer d’échanger et même d’échanger positivement sur le futur possible.

Propos recueillis par Sam Debard