Roland Mayer, venu de Strasbourg, et Paul Dopff, de Tours, sont restés dormir à la maison. Cela m’a permis de travailler en catimini avec Roland sur le projet qu’il coordonne : un CFD spécial 70° anniversaire. Un projet sur mesure, Roland fut le dernier rédacteur en chef du CFD avant sa disparition (sous la forme du périodique qui existait depuis 47). Fichtre ! Vous allez être surpris ! Une résurrection dans l’exacte continuité de ce qui fut, conjuguée au présent, quel bonheur ! Et puis avec Paul, et mon fils Simon qui a été « embauché » dans l’aventure, nous avons travaillé sur l’autre projet que lui coordonne : la réalisation d’un film souvenir sur le 70ème, avec en bonus, le making-off de la préparation du week end, d’une part, et la restitution de films amateurs d’anciens restaurés en numérique pour l’occasion. Fichtre ! Vous allez être surpris ! Un vrai travail de pro (Paul est un réalisateur reconnu). Un DVD souvenir qui vous sera proposé à la Pentecôte. Une passerelle d’images couvrant 70 ans d’histoire. Enfin… surtout celles que nous enregistrerons au 70ème.

70 ans d’histoire tournée vers le présent et l’avenir du Collège, c’était encore ce qui nous réunissait c’est après midi. Avec Yvette Galland (ancienne professeur), sa fille Françoise (ancienne élève), Janine Michaud, Caroline Cruse, Michel Grigaut, Philippe Ruaz, Barthold Bierens de Haan. Sylvain Sorgato distingué contributeur de la préparation était là. Francis Deval, profitant d’un déplacement professionnel avait prolongé son séjour parisien pour rester avec nous (il est reparti à minuit en voiture pour Valence…). Enfin, bienheureuse surprise, Johan Cachard, venu aussi à Paris, nous a rejoint avec Thomas Cazaban. Ainsi non seulement le Chambon était dignement représenté, mais en plus d’éminents messagers de cette fameuse génération d’anciens insuffisamment présente dans le blog jusqu’alors. Je vais y revenir tout de suite.

Comme toutes ces fameuses réunions de provinces (Paris, comme Genève, Lyon ou Strasbourg ne sont jamais que les provinces du Chambon, n’est ce pas !), celle-ci a commencé avec ses discussions à bâtons rompus de souvenirs, d’anecdotes, de plaisirs complices et de gourmandises partagées. Gourmandises pas seulement spirituelles, chacun ayant amené moult gâteaux et chocolats qui nous ont nourris tout l’après midi.

A 16h, nous étions en duplex avec la salle de la gare au Chambon. Sam nous informait des discussions en cours. Le débat passionné sur l’intérêt du vin au 70° comme facteur de convivialité et de contribution à l’éducation et à la santé quand celui-ci est consommé avec modération... Et puis aussi celle concernant le contenu festif du week end sur lequel, suite aux questions qui avaient pu être abordées au Chambon le 21 mars, nous pouvions enfin avancer. En effet, les premiers éléments d’information que nous avions eue, nous avaient obligé à prévoir d’organiser la restauration au gymnase, sans aucune possibilité d’y installer une scène. La location d’un chapiteau était hors de prix, et une installation en plein d’air dangereusement optimisme eu égard à une météo parfois bien surprenante encore en cette saison. Comment et où faire la fête ? Lors de notre dernière réunion de travail au Collège, nous avons enfin résolu la question. Luquet et tentes extérieures à proximité pour la restauration. Salle François Lods (salle du haut au Luquet pour les très anciens…) pour les expositions, conférences, assemblées et spectacles nécessitant une ambiance attentive. Batisco pour tous les ateliers « intellectuels », stade et espaces extérieurs pour tous les ateliers ludiques et sportifs, et la baraque « modzanga » pour les expositions temporaires du week end. L ‘ancien foyer de Kaïna servant de QG pour le week end et Cosmos accueillant l’équipe de bénévoles qui va s’installer sur place durant toute une semaine ! Le gymnase libéré, nous avions enfin une belle plage blanche à notre disposition. Cette rencontre du 21 mars avait aussi été l’occasion de mieux se comprendre entre anciens. Anne Hollard et Josiane Escotte, avait eu l’à propos de nous faire part de leur désappointement à bien des égards. Leur « génération », celle-là même qui avait organisé le 65ème, qui s’était mobilisé pour que ce week end festif ait lieu en 2004 (alors que l’anniversaire de 1999 n’avait pu avoir lieu), ne se reconnaissait pas dans la préparation en cours. Comme toujours, il y a plein de justes raisons aux quiproquos. Chacun crois sincèrement avoir fait ce qu’il devait faire alors que l’autre était dans une attente bien différente. Ce qui demeure important, c’est de savoir en parler, de franchir ses propres a priori, de se concentrer sur le fond et d’oublier la forme quand celle-ci a induit des interprétations toxiques. C’est ce qu’on su faire Anne et Josiane en sachant se faire le porte-parole de certain. C’est ce à quoi ont aidé plein d’autres bonnes volontés pour contribuer au liant, Benoît, Sylvain, Marianne. C’est aussi ce qu’ont su faire Johan et Thomas en venant chez moi ce samedi. Et nous avons longuement débattu de cette question en préalable des autres sujets. Chacun a pu exprimer son ressenti et comprendre l’autre et, surtout, avoir l’assurance d’avoir été compris et accepté comme tel.

Pour ceux qui lisent ce blog sans avoir pu participer aux réunions de terrains, aux rencontres de masse ou simplement bilatérales, il faut imaginer qu’organiser une telle rencontre ne peut se construire qu’avec l’apport d’une énergie considérable, que celle-ci est forcement créatrice de tension, que ces tensions peuvent être fatales à la réussite de notre projet et que tous ceux qui travaillent aujourd’hui ensemble ont du faire beaucoup d’efforts pour, en si peu de temps, oser se faire confiance, et réussir à prendre sur soi beaucoup de chose dans l’intérêt de tous. « Allez vers l’autre », rarement nous aurons mis en pratique avec autant de précipitation nécessaire ce précepte fondamental du Collège Cévenol.

Vous trouvez que je suis un peu long ? Vous n’êtes pas obligé de me lire ! Contrairement à quand je parle, vous pouvez sauter des paragraphes ! Veinards. Ceux qui me supportent en live n’ont pas cette chance !

Et si je vous dis tout cela, c’est que ce matin (oui passé minuit c’est le matin), je suis heureux et apaisé. J’étais vraiment dans le dés-espoir de parvenir à temps à unir dans un même élan, une même ambition altruiste, un même esprit de partage et de générosité réciproque, les formidables énergies qui étaient encore trop dispersés. Et je crois que nous y sommes parvenus maintenant.

Le gymnase sera donc le lieu de la fête. Un espace scénique fait de vie et de contribution de tous. Faut-il un groupe extérieur, professionnel, pour faire envie avant et satisfaire pendant ? Les avis sont partagés. Pour ma part, ce qui m’importe le plus, c’est que chaque ancien et envie de venir et qu’il trouve au Collège de quoi nourrir son plaisir d’être là. Et donc faire ce qu’il faut pour cela. Si nous avons de quoi remplir le programme avec les seules initiatives et propositions d’anciens tant mieux. Si nous pouvons créer des moments par genre musicaux afin que chacun puisse venir en profiter sans surprise, sans impatience ou désappointement tant mieux. Si on peut trouver une intervention qui contribue à la structuration de l’ensemble. Tant mieux aussi. Avec quels sous ? Les nôtres ! Les inscriptions rentrent. A 20 € en moyenne l’inscription, si tout ceux qui doivent venir viennent, cela devraient tenir. Et financer à la fois plaisir et sécurisation. Ben oui ! Mille personnes sur le campus, cela s’organise un peu : parking, contrôle, pompiers, croix rouge, garderie sont incontournable. Et on s’en occupe aussi !

Nous avons poursuivi notre réunion en évoquant l’articulation du programme tel qu’il se construit encore chaque jour. En constatant que beaucoup des inscrits seront également là le dimanche et le lundi (un pique nique à 1000 sur le Lisieux ça va en jeter !). Nous envisageons de dupliquer du contenu le dimanche après midi en y reprogrammant des activités du samedi après midi parce que tout le monde n’aurait peut-être pu assister à tout ce qu’il souhaitait. Nous avons maintenu le dîner libre du dimanche soir afin que tous les restaurants du plateau du Lignon soient envahis par les centaines de personnes venus de partout et que les bars et discothèques ne désemplissent pas de la nuit !

Nous avons aussi évoqué les enjeux de notre association d’anciens. Poursuivre au-delà ! Vers où ? Avec qui ? Comment ? Il est évident que cela ne peut prétendre être écrit préalablement par quelques uns. Mais il est tout aussi évident que faute d’une vision commune durant le week-end, nous serions bien en peine les uns et les autres de poursuivre sur le même rythme. Francis et moi avons présenté notre souhait d’une structure très décentralisée, auto-portée par chacun de ceux qui souhaiteraient s’investir précisément sur un domaine de son choix. Une coordination naturellement vivante par l’implication autonome et conviviale de tous. Une telle organisation ne pourrait se réaliser que par un outil de communication multimédia sur internet à la hauteur de notre dispersion géographique.

Francis a aussi ouvert sa boite magique avec ses badges, ses tickets repas, son sens de l’organisation.  Sylvain avait apporté le projet de dessin pour le pavillon de la paix qui sera levé sur le terre-plein du Batisco. Janine avait apporté quelques documents de son époque mis à disposition pour constituer nos archives numériques. Paul a filmé quelques moments de cette rencontre pour le making-off et se navre d’avoir si peu de contribution pour son DVD : n’y avait-il donc aucun cinéaste amateur au Collège durant ses 70 ans ?

Yvette, lumineuse, était la plus agité de la classe. Françoise découvrait une réalité jusque là bien vague (elle ne le consulte jamais !). Michel et Roland témoignaient. Philippe et Barthold écoutaient. Caroline était aussi pétillante que naguère. Rien ne distinguait plus Johan et Thomas, de Monique et Yvette. Leurs 50 ans d’écart avaient fondu dans ce truc indistinct qui s’appelle, paraît-il, l’esprit Collège Cévenol !

On s’est réjouit de voir arriver dans le courrier les premiers drapeaux offerts pour le Batisco. Au delà de cette contribution qui pourra n’être que symbolique c’est une belle opération de marketing en faveur du Collège que nous avons faite là. Toutes les ambassades et consulats en France ont reçu de notre part ce courrier leur annonçant cette opération. Ils y sont trés sensibles. Une communication qui méritait d’être faite, qui est suivi jusqu’à la Pentecôte par Jean Micaleff, et qui devra être entretenue au-delà.

Quel joyeux bordel que tout ça ! Ah oui ! C’est vrai : Francis m’a rappelé que nous n’avions plus le droit d’utiliser ce mot aux risques de transformer les élèves actuels en hooligans strasbourgeant…

Quel bastringue ! Quel joyeux bastringue ! Si vous voyez ce que je veux dire…