Bernard Cotte, maire du Mazet, est un ancien élève et ancien professeur d’espagnol du Collège.
En effet, et je suis donc sentimentalement très attaché au Collège. De plus le Collège a représenté (ce qui n’est plus le cas) une chance pour les enfants de la région, et ce n’est plus le cas car les enfants de la région ne le fréquentent pratiquement plus et il y a deux raisons à cela :
Le Collège Cévenol pouvait servir d’ascenseur social pour les gens de la région, pour qu’il serve d’ascenseur social il faut que les résultats soient au rendez-vous ce qui n’est plus le cas. Avant le melting pot crée par le Collège permettait aux enfants par ces rencontres avec l’étranger, sous de bons auspices, de s’ouvrir vers le monde Et ceci n’existe plus assez au Collège. Le Collège Cévenol, en termes de projets pédagogiques ne se démarque absolument pas par rapports aux établissements qu’on connaît dans la région comme le lycée de Monistrol par exemple.
Aujourd’hui la seule raison qui puisse inciter les enfants du plateau à fréquenter le Collège Cévenol, c’est le fait qu’ils n’aient pas à aller à l’internat. C’est la seule raison objective.


Si on parlait des fondamentaux du Collège Cévenol, la paix la non violence et l’international !
Pour moi, le Collège Cévenol a deux vocations si l’on se réfère à ses créateurs :
Une vocation chrétienne pour la paix, et il a une vocation en direction des enfants du plateau (l’ascenseur social). En ce qui me concerne, il faut revenir pour les deux populations (externes du plateau et internes) aux fondamentaux. Nous sommes d’accord. Il ne faut pas avoir peur d’afficher une identité, ne pas vouloir afficher une identité fait que l’on se fond dans la masse, et donc il n’y a plus de raison objective de fréquenter le Collège Cévenol.
Il ne faut pas être tiède.


Le Christ n’était pas tiède !
Vous avez raison, le Collège Cévenol est d’abord protestant, et s’il n’y a pas de soutien d’une institution, il aura du mal à continuer sa mission. De plus s’insérer dans le mouvement en faveur de la paix, est l’un des fondamentaux essentiels, de même que l’internationalisation du Collège Cévenol. Je peux en parler savamment ayant été un élève du plateau, et je dois le dire à cette époque nous n’étions pas très ouverts sur l’extérieur, ce qui est normal compte tenu de notre histoire, et moi je pense que le fait de fréquenter des gens d’autres horizons, m’a apporté énormément et je sais que pour tous mes congénères il en a été de même.
C’est donc un collège protestant, international et qui donne une éducation en faveur de la paix. Voilà la base, après il y des à côtés ; d’abord un projet pédagogique basé sur ces fondamentaux, et ça c’est extrêmement important, et de même à côté de ce projet on choisit les gens qui vont développer ce projet pédagogique, car la qualité des profs est importante.
De plus une fois que l’on a défini ça il faut également trouver des moyens pour rénover le Collège Cévenol, les bâtiments par exemple, la ferme de Luquet, le Batisco, le gymnase ne sont plus aux normes actuelles.


Ce constat tout le monde le fait, mais que peut-on faire pour reconstruire ?
Je pense qu’il faut prendre des contacts avec la fédération protestante (je sais que les ponts ne sont pas rompus), je sais que la fédération protestante serait prête à s’investir dans ce projet. C’est facile à dire car on part de loin. Après il faut faire revenir les enfants de la région parce que moi c’est en tant qu’élu ce qui m’intéresse au premier chef. Il faut prouver la qualité pédagogique et les résultats.
En fait il faut pratiquement pour être objectifs tenir deux statistiques : la première est celle des résultats des enfants de la région qui ont une scolarité normale et suivie, et celle des gens qui ont une scolarité discontinue, ceux qui viennent au Collège Cévenol à l’internat pour certains. Et il est bien vrai que la somme ne fait pas quelque chose d’acceptable, et il ne faut pas fonder sa réflexion sur ce chiffre, mais il faut aller voir le détail. Et il vrai qu’il est important pour les enfants de la région de pouvoir accéder à l’enseignement supérieur. Pour les enfants qui ont une scolarité discontinue et une vie difficile, le résultat au bac n’est peut-être pas ce qui compte en premier lieu. Mais pour les deux ce qui compte c’est l’ouverture vers l’extérieur, et c’est ce dont on parlait tout à l’heure ; pour un enfant de la région ce qui compte ce n’est pas forcément d’avoir son bac avec mention, c’est d’avoir un niveau, et avoir la possibilité de s’ouvrir vers d’autres horizons, vers l’autre. Je me souviens avoir été inspecté par un responsable de l’éducation nationale lors de mon année comme prof au Collège Cévenol. A la fin, ayant trouvé mes élèves extraordinaires, il a voulu faire son petit speech à la fin de la classe (2de) et il a parlé du poème que nous avions commenté en expliquant que ce poème lui faisait penser au « clair obscur » d’un peintre dont j’ai oublié le nom (un illustre inconnu). A ce moment un élève s’est levé, et a dit à l’inspecteur : « Vous n’y êtes pas du tout, j’ai visité une exposition de ce peintre au fin fond de l’Espagne cet été, et je vous affirme que parler de clair obscur chez ce peintre, c’est une hérésie ! » Inutile de te dire qu’après s’être fait allumer par cet élève, l’inspecteur a « remballé ses gaules » (rires).


C’est absolument génial, et c’est ça le Collège Cévenol
Cette ouverture vers l’extérieur, que nous avons vécu nous enfants du plateau à notre corps défendant, nous avons enfants perçu cette ouverture comme une « marche forcée » mais avec du recul, ce phénomène m’a beaucoup apporté dans ma vie professionnelle.

Comment le maire du Mazet voit cette réunion de Pentecôte2009, et comment il pense que la commune va s’impliquer dans cette manifestation ?
Alors après tout ce que j’ai dit cela serait mal venu de voir cette manifestation d’un mauvais œil. Cette réunion peut être un jalon, et l’occasion d’impliquer les acteurs, locaux, mais pas seulement, et pourquoi Pas essayer de faire un audit auprès des gens du plateau, par un biais laïc ou par le biais des églises, qui chercherait à savoir ce que représente le Collège Cévenol pour eux. Qu’attendraient-ils d’un établissement local. Car après tout il faut être à l’écoute des gens. Et on présenterait les résultats à Pentecôte au sein d’un atelier. Dans ces ateliers du reste il faut impliquer les acteurs qui peuvent être importants. La fédération protestante par exemple, et en ce qui me concerne en tant qu’élu je suis tout à fait prêt à y participer. Parce qu’il y a le côté laïc, mais il y a le côté pratique, que je défendrais. Pour les enfants du Mazet, si les conditions sont réunies, c’est beaucoup plus intéressant d’être en externat au Collège Cévenol qu’en internat à Monistrol ! Ce qui va intéresser les gens est la possibilité de rester chez eux. Mais il faut offrir quelque chose d’attractif.

Et le message que Bernard Cotte, ancien élève et prof du Collège Cévenol passe à ses condisciples, et à ses anciens élèves ?
Le message que je passe est par rapport à ce que j’ai retiré de mon passage au Collège Cévenol. En ce qui me concerne, cette étape de ma vie a été marqué par l’ouverture vers l’extérieur que je n’aurais pas eu dans un autre établissement, j’ai apprécié cela également en qualité de prof, car j’ai enseigné l’espagnol à des élèves américains, qui étaient là de façon volontaire, ils étaient là parce que ça leur plaisait ! Je pense à cette fille qui au bout d’un an était bien plus avancée en espagnol qu’un élève qui avait fait de l’espagnol depuis la 6ème. Ce qu’il faut conserver est ce melting-pot, entre les cultures. Que le Collège Cévenol soit soutenu par l’institution protestante, ça n’exclut pas les autres confessions, bien au contraire. Pour moi le ciment de tout ça est l’éducation pour la paix. Le fondamental c’est une éducation chrétienne pour la paix, mais elle concerne toutes les religions, c’est évident.
Je leur dis a mes anciens élèves et a tous les autres, ainsi qu’a mes amis, soyez présents à Pentecôte 2009. Il faut qu’il y aie beaucoup de monde ; chaque fois que l’on pourra faire venir des gens au Collège Cévenol sur quelque base que ce soit, que ce soit des anciens ou d’autres personnes, chaque fois que l’on pourra exploiter le talents de uns et des autres, car je pense que dans les gens qui ont fréquenté le Collège Cévenol, il y a beaucoup de personnes qui ont des choses à dire. Par la suite ayant acquis des expériences, dans les différents métiers qu’ils exercent ou qu’ils ont exercé pour les plus anciens. Je pense que les expériences de tous seront utiles. Chacun doit pouvoir apporter sa pierre à l’édifice.

Propos recueillis par Sam Debard