08Mar2009
Interview mensuelle de Fabien Larroque.

Pour la première fois et à la suite de la journée portes ouvertes du Collège Cévenol, notre interview mensuel sera consacré à toute l’équipe de direction, c’est à dire Joachim Lourenço, Charles Denis Quaeghebeur, les deux directeurs adjoints, et Fabien Larroque directeur du Cévenol.
Monsieur Lourenço comment comptez vous, en tant que responsable de la vie scolaire, vous impliquer dans la fête de Pentecôte2009 ?
Il y aura des difficultés évidentes, mais en accord avec Monsieur Larroque
nous serons présents en termes de besoins, évitant au maximum le stress et
prévoyant les diverses réactions. En revanche, cette manifestation sera un
point très positif pour les élèves. Sachez toutefois que si une partie d’entre
eux a pris conscience de ce rendez vous, pour une autre partie cet événement
est situé un peu loin dans le temps. Les élèves souhaitent concevoir ce
week-end dans un esprit de convivialité. Je peux vous dire que de nombreux
élèves souhaitent rester pour ce week-end long, ils veulent profiter de la
fête, se sentant de toute évidence plus libre que lors d’un week-end classique,
dans l’optique de se rencontrer à l’instar des anciens qui se
retrouveront.
Monsieur Quaeghebeur, serez vous stressé durant le week-end de Pentecôte
?
Plus que Monsieur Lourenço, mais moins que Monsieur Larroque !
Comment le responsable de l’internat envisage ce week-end, avec plus de 1000
personnes susceptibles de débarquer sur le site ?
Je pense que l’on sera à l’appui de pas mal de choses. Je joue le rôle de
relais entre Monsieur Larroque et les élèves pour commencer à élaborer les
projets, mieux les cadrer. Il y aura une grosse logistique et le colossal
travail en amont m’inquiète quelque peu. Je pense comme mon collègue que
beaucoup d’élèves vont souhaiter rester. Il y aura aussi certainement des
parents, et ceci est une bonne chose car cela permettra de communiquer
différemment avec eux. En ce qui me concerne, comme je vous l’ai dit, ce sera
une grosse source de stress. Il va falloir anticiper tous les problèmes.
Toutefois la rencontre entre les anciens internes et les actuels promet d’être
passionnante. Bien que je ne sois ici que depuis 6 mois, je ne maîtrise pas
tout à fait ce que peuvent représenter les 70ans du Collège Cévenol. Car sachez
le : la prise de conscience va aussi être pour nous… Il faut parler aussi des
enseignants qui sont d’ores et déjà mobilisés. Les choses mûrissent. Ils
s’investissent totalement dans les actions au cours de l’année. Pentecôte est
une finalité supplémentaire pour eux. Si je ne suis là que depuis 6 mois, je
tiens à préciser que ce fameux « esprit du Collège » dont on parle souvent est
pour moi une grande ouverture à l’autre. Ce point est fondamental : il n’y a
qu’à vous voir aujourd’hui, ce groupe d’anciens qui s’est dépensé tout au long
de la journée. Je pense également que si le Collège auparavant n’avait pas une
excellente image locale, nous pensons désormais être sur la voie du
changement.
Je puis vous dire qu’à travers les interviews que j’ai réalisé sur le
plateau, l’image de votre équipe de direction est très positive, et
complètement en phase avec ce qu’a pu être le Cévenol à son époque dorée. Vous
êtes en train de remettre le Collège sur ses rails, c’est en tout cas ce que
disent les commerçants et de nombreuses personnalités du plateau.
Il est important de noter, ajoute Fabien Larroque, que nous sommes une vraie
équipe de direction tricéphale. Si nous sommes arrivés, Monsieur Quaeghebeur et
moi, tout neufs, je suis content de pouvoir dire aujourd’hui que nous
fonctionnons réellement à 3 et que nous travaillons ensemble avec un grand
plaisir.
François Heizmann nous explique qu’un de ses collègues de Tence, lui a
confié que le bruit court que si le Collège a connu des moments difficiles, il
relève la tête, et désormais repart.
Francis Deval précise que l’ on sent qu’il y a un capitaine dans le navire,
et une équipe soudée le secondant.
Nous essayons de suivre au mieux les élèves. Même si au début une certaine dynamique disciplinaire était essentielle pour redresser le cap, cette voie était placée dans une logique de suivi des élèves, pas de répression systématique. Si je cite le cas de César, son exclusion de l’internat (et non du Collège) a été faite en concertation totale. Nous ne souhaitions pas l’exclure de l’établissement : il lui fallait une structure plus adaptée à sa personnalité. Je vais aller plus loin ; si les conditions sont requises, nous accepterons tout à fait de le reprendre à l’internat dès septembre. A lui de jouer sa partie. J’ai été très agréablement surpris en constatant combien, en un temps record, l’AACC a put répondre à notre demande. Suite à un coup de téléphone à Laurent Pasteur à 15 heures la veille, j’avais le lendemain à 9 heures du matin un appel d’une famille d’accueil prête à prendre César chez elle. Je constate également qu’un certain nombre de personnes se sont excitées dans le blog, un peu à côté du sens de notre démarche.
Sachez, dit Francis Deval, que nous avons été agréablement surpris par votre démarche, et je vous dit en tant qu’anciens, bravo Messieurs.
Pour répondre au message d’amitié de François Heizmann sur le blog, je tiens
à dire que je n’ai fait que mon boulot dans cette affaire. Mon boulot, dans ce
cas précis, est de réaliser avec l’ensemble des équipes et la famille, ce qui
était juste, à savoir en aucun cas une exclusion totale de l’établissement.
Ceci eût été un échec. Je dois dire que César, in fine, se retrouve avec des
notes de partiel très correctes et nous souhaitons qu’il puisse continuer sur
ce bon chemin, tout en réglant son gros souci de l’internat. Il n’a pas
aujourd’hui la maturité nécessaire pour vivre au sein de cette communauté, mais
ça ne veut pas dire qu’il ne l’aura pas dans 4 mois.
Pour clore ce chapitre, les anciens qui ont rencontré César cet après midi,
lui ont fait comprendre que son avenir dépendait totalement de son attitude
future et que nous souhaitions qu’il nous prouve que nous avons eu raison de
lui faire confiance. Il est clair en tous cas que cet incident a pu générer une
prise de conscience chez César, et là est l’essentiel.
Si nous avons hésité à un moment pour une exclusion définitive, nous avons su
reposer le cas, en discuter, et prendre une sage décision qui fut celle que
vous connaissez. En début d’année nous avons beaucoup axé notre travail sur la
discipline, c’était un mal nécessaire. Si nous prenons pour exemple la
consommation d’alcool : même s’il n’est pas autorisé à boire, même si M.
Quaeghebeur ou moi-même « tournons » dans le Chambon, le Collège ne pourra
jamais totalement empêcher un élève, a fortiori autorisé à sortir par sa
famille, d’aller prendre une bière au village. En revanche, s’il rentre éméché
ou s’il introduit de l’alcool sur l’établissement, notre rôle est de lui faire
prendre conscience qu’il a fait une erreur. Nous souhaitons avant tout une
éducation à la liberté, c’est à dire que je sais (l’élève) que je peux (dans le
sens du « can » anglais et non du « may ») commettre une bêtise, mais si je la
commets, je sais que l’on va me « tomber dessus ». Donc à moi de gérer mes
limites… C’est en cela une forme d’éducation à la responsabilité.
Vous êtes en phase à ce que l’on pense, et comme dit François, on espère
que lorsque l’on s’appuie sur un mur, on espère avant tout qu’il ne va pas
lâcher, et nous entraîner dans sa chute …
En tant qu’adulte de l’établissement, nous sommes des piliers de référence pour
les gamins, des piliers avec leurs qualités et leurs défauts, mais des piliers
avant tout. Le discours qu’on a envers les gamins doit être clair. Je dis ce
que je fais, je fais ce que je dis !
« Les enfants sont demandeurs de règles d’autorité et qu’ils puissent vivre
dans des conditions satisfaisantes, tels ont été les propos que nous avons
entendu au Play il y a 3 semaines lors de nos échanges avec les élèves actuels
» nous dit Francis.
Pour finir j’aimerais demander à Messieurs Larroque et Quaeghebeur ce qu’ils
pensent de la re-création de la liaison entre Collège Cévenol et Chambon, par
l’intermédiaire de la fête des Jonquilles par exemple ?
Ce sera au retour des vacances de Pâques, nous devons lancer ce projet très
rapidement. Le projet a déjà été évoqué en conseil d’internat et, même si la
date peut poser problème, nous nous y inscrirons. Ce sera abordé lors de la
prochaine réunion d’internat. Les élèves souhaitent que nous nous réunissions
une fois par semaine. Ils voient que nous aussi nous souhaitons faire avancer
les choses. Stratégiquement, avant de faire suite à cette demande et qu’il y
ait une vraie inter-réaction Collège/Chambon, il est essentiel que le Collège
redevienne rassurant pour les habitants du Chambon. Pour cela, il doit être
porteur d’une certaine cohérence de ce qu’il se fait sur le plateau, en termes
de discipline, de travail avec les autres écoles. Il s’agit peut-être de
désacraliser le Cévenol et si les étapes sont en cours, la fête des jonquilles
pourrait être une façon de faire la fête avec le village, de participer.
Francis Deval nous précise combien les gens du Chambon ont été très marqué par
la présence conjointe au premier novembre de Fabien Larroque et Claude Schaff
ensemble avec leurs élèves pour la commémoration de cette anniversaire, qui est
un symbole.
Alors Monsieur Larroque, où en sont les divers projets tant éducatifs que
festifs au Collège cévenol ?
En termes de formation, nous aurons une section « Euro-Allemand » pour les
secondes, ce point est acquis et validé par le rectorat. On affirme ainsi
encore un peu plus notre dimension internationale. On permet également aux
élèves d’approfondir réellement une langue, cette possibilité étant de plus une
mention au bac. Je tiens à préciser que le niveau, même s’il est abordable,
doit être le reflet du travail de l’élève : concrètement il lui faut au minimum
un 12/20 pour obtenir cette mention. Charles Denis Quaeghebeur est en train de
travailler sur une section rugby. Encore une fois, il est important d’être en
cohérence avec les parcours de formation que l’on peut retrouver dans les
autres établissements du plateau. De plus, nous avons la structure adéquate et
les partenariats. Nous organisons une section à l’intérieur de l’établissement
nous précise Monsieur Quaeghebeur, ce qui n’est plus un partenariat comme pour
le tennis, mais une vraie section. Ensuite, notre projet est l’option cinéma
pour la rentrée 2009, sinon 2010 au plus tard. A noter que le collège du Lignon
propose cette option, il est donc logique, dans la continuité des choses, de
proposer également cette option au Cévenol. L’année prochaine la partie collège
du Cévenol proposera une DP3 (Découverte Professionnelle 3 heures). Cette
option est proposée à tous les élèves, quel que soit leur niveau ou leur
orientation future. Elle s’intègre dans le cadre des options facultatives
(comme le latin par exemple). Elle permet aux élèves de découvrir les métiers
(organisation, histoire, évolution, voie de formation). Nous allons essayer de
nous associer avec les collèges de St Agrève et du Lignon dans la recherche des
partenaires entreprises, dans le partage des moyens de transport. Une fois de
plus, mettre les moyens en commun est un atout majeur pour la sauvegarde de
notre plateau. En outre, nous mettons en chantier une refonte des internats,
nous repensons l’utilisation des bâtiments que nous allons essayer de
rationaliser. Nous essayons actuellement de voir si nos idées ont une
faisabilité possible, puis nous présenterons le projet au CA, et s’ils sont OK
nous irons de l’avant. Sinon, il n’y a pas grand chose de neuf (éclats de rires
dans l’assistance marquant ainsi que nous trouvons tous cette équipe de
dirigeants formidable et modeste ce qui ne gâche rien).
Francis propose alors à Fabien que l’AACC puisse être mise à contribution dans le cadre du module DP3.
Fabien Larroque précise que cette option DP3 n’a rien à voir avec une voie de garage, bien au contraire, c’est une découverte (comme son nom l’indique) d’une profession, par des visites dans l’entreprise, ce qui veut dire aborder des choses très concrètes comme la présentation des branches professionnels de l’entreprise, le niveau des salaires, les études menant à cette professions, etc. Il ne s’agit pas d’orientation à proprement parler, mais la découverte du fonctionnement de notre société vis à vis de l’entreprise. Il va de soit que les élèves à la suite de telles ou telles présentations pourront exprimer leurs désirs de parcours scolaires, mais cette fois, en toute connaissance de cause. Il est évident que des anciens de l’ AACC peuvent recevoir, dans leur cadre professionnel, des enfants du Collège, et qu’il ne faut pas négliger cette opportunité. Nous allons pouvoir travailler avec les collèges alentours et c’est extrêmement intéressant pour le plateau.
Francis précise qu’il ne faut pas être seul sur une île déserte mais
bien plusieurs à fonctionner dans un même sens.
Fernand ajoute que les visites en usine se faisaient déjà à son époque, il
précise qu’il avait ainsi pu visiter les aciéries de la marine à Unieux (Près
de Firminy), la coquerie de la Silardière, et avoir visité une centrale
électrique.
François précise que l’une des ses belles-filles (qu’il nomme sa seconde
valeur ajoutée…) travaillant chez Biomérieux, peut certainement recevoir un
groupe d’élèves pour une visite.
Pour conclure, Fabien Larroque propose à l’AACC d’être présente pour la rentrée des internes en septembre 2009, afin de re-créer ce qui existait déjà à notre époque, c’est à dire permettre aux nouveaux élèves de se sentir entourés dès leur arrivée sur site.
Comments
Tuesday 10 March 2009 | 19:53
L'option DP3 me fait penser à une tradition dans le lycée que mes enfants ont fréquenté aux Pays-Bas. Chaque année les anciens élèves et les parents d'élèves sont invités à participer à la "Foire aux métiers"dans le batiment du lycée. Chacun présente son métier avec peut-être des dépliants informatifs. Cela a l'avantage de joindre l'utile au sympathique et de partager la passion de son métier avec les jeunes en recherche.