Il y aura des difficultés évidentes, mais en accord avec Monsieur Larroque nous serons présents en termes de besoins, évitant au maximum le stress et prévoyant les diverses réactions. En revanche, cette manifestation sera un point très positif pour les élèves. Sachez toutefois que si une partie d’entre eux a pris conscience de ce rendez vous, pour une autre partie cet événement est situé un peu loin dans le temps. Les élèves souhaitent concevoir ce week-end dans un esprit de convivialité. Je peux vous dire que de nombreux élèves souhaitent rester pour ce week-end long, ils veulent profiter de la fête, se sentant de toute évidence plus libre que lors d’un week-end classique, dans l’optique de se rencontrer à l’instar des anciens qui se retrouveront.

Monsieur Quaeghebeur, serez vous stressé durant le week-end de Pentecôte ?


Plus que Monsieur Lourenço, mais moins que Monsieur Larroque !

Comment le responsable de l’internat envisage ce week-end, avec plus de 1000 personnes susceptibles de débarquer sur le site ?


Je pense que l’on sera à l’appui de pas mal de choses. Je joue le rôle de relais entre Monsieur Larroque et les élèves pour commencer à élaborer les projets, mieux les cadrer. Il y aura une grosse logistique et le colossal travail en amont m’inquiète quelque peu. Je pense comme mon collègue que beaucoup d’élèves vont souhaiter rester. Il y aura aussi certainement des parents, et ceci est une bonne chose car cela permettra de communiquer différemment avec eux. En ce qui me concerne, comme je vous l’ai dit, ce sera une grosse source de stress. Il va falloir anticiper tous les problèmes. Toutefois la rencontre entre les anciens internes et les actuels promet d’être passionnante. Bien que je ne sois ici que depuis 6 mois, je ne maîtrise pas tout à fait ce que peuvent représenter les 70ans du Collège Cévenol. Car sachez le : la prise de conscience va aussi être pour nous… Il faut parler aussi des enseignants qui sont d’ores et déjà mobilisés. Les choses mûrissent. Ils s’investissent totalement dans les actions au cours de l’année. Pentecôte est une finalité supplémentaire pour eux. Si je ne suis là que depuis 6 mois, je tiens à préciser que ce fameux « esprit du Collège » dont on parle souvent est pour moi une grande ouverture à l’autre. Ce point est fondamental : il n’y a qu’à vous voir aujourd’hui, ce groupe d’anciens qui s’est dépensé tout au long de la journée. Je pense également que si le Collège auparavant n’avait pas une excellente image locale, nous pensons désormais être sur la voie du changement.

Je puis vous dire qu’à travers les interviews que j’ai réalisé sur le plateau, l’image de votre équipe de direction est très positive, et complètement en phase avec ce qu’a pu être le Cévenol à son époque dorée. Vous êtes en train de remettre le Collège sur ses rails, c’est en tout cas ce que disent les commerçants et de nombreuses personnalités du plateau.

Il est important de noter, ajoute Fabien Larroque, que nous sommes une vraie équipe de direction tricéphale. Si nous sommes arrivés, Monsieur Quaeghebeur et moi, tout neufs, je suis content de pouvoir dire aujourd’hui que nous fonctionnons réellement à 3 et que nous travaillons ensemble avec un grand plaisir.

François Heizmann nous explique qu’un de ses collègues de Tence, lui a confié que le bruit court que si le Collège a connu des moments difficiles, il relève la tête, et désormais repart.
Francis Deval précise que l’ on sent qu’il y a un capitaine dans le navire, et une équipe soudée le secondant.

Nous essayons de suivre au mieux les élèves. Même si au début une certaine dynamique disciplinaire était essentielle pour redresser le cap, cette voie était placée dans une logique de suivi des élèves, pas de répression systématique. Si je cite le cas de César, son exclusion de l’internat (et non du Collège) a été faite en concertation totale. Nous ne souhaitions pas l’exclure de l’établissement : il lui fallait une structure plus adaptée à sa personnalité. Je vais aller plus loin ; si les conditions sont requises, nous accepterons tout à fait de le reprendre à l’internat dès septembre. A lui de jouer sa partie. J’ai été très agréablement surpris en constatant combien, en un temps record, l’AACC a put répondre à notre demande. Suite à un coup de téléphone à Laurent Pasteur à 15 heures la veille, j’avais le lendemain à 9 heures du matin un appel d’une famille d’accueil prête à prendre César chez elle. Je constate également qu’un certain nombre de personnes se sont excitées dans le blog, un peu à côté du sens de notre démarche.

Sachez, dit Francis Deval, que nous avons été agréablement surpris par votre démarche, et je vous dit en tant qu’anciens, bravo Messieurs.

Pour répondre au message d’amitié de François Heizmann sur le blog, je tiens à dire que je n’ai fait que mon boulot dans cette affaire. Mon boulot, dans ce cas précis, est de réaliser avec l’ensemble des équipes et la famille, ce qui était juste, à savoir en aucun cas une exclusion totale de l’établissement. Ceci eût été un échec. Je dois dire que César, in fine, se retrouve avec des notes de partiel très correctes et nous souhaitons qu’il puisse continuer sur ce bon chemin, tout en réglant son gros souci de l’internat. Il n’a pas aujourd’hui la maturité nécessaire pour vivre au sein de cette communauté, mais ça ne veut pas dire qu’il ne l’aura pas dans 4 mois.

Pour clore ce chapitre, les anciens qui ont rencontré César cet après midi, lui ont fait comprendre que son avenir dépendait totalement de son attitude future et que nous souhaitions qu’il nous prouve que nous avons eu raison de lui faire confiance. Il est clair en tous cas que cet incident a pu générer une prise de conscience chez César, et là est l’essentiel.

Si nous avons hésité à un moment pour une exclusion définitive, nous avons su reposer le cas, en discuter, et prendre une sage décision qui fut celle que vous connaissez. En début d’année nous avons beaucoup axé notre travail sur la discipline, c’était un mal nécessaire. Si nous prenons pour exemple la consommation d’alcool : même s’il n’est pas autorisé à boire, même si M. Quaeghebeur ou moi-même « tournons » dans le Chambon, le Collège ne pourra jamais totalement empêcher un élève, a fortiori autorisé à sortir par sa famille, d’aller prendre une bière au village. En revanche, s’il rentre éméché ou s’il introduit de l’alcool sur l’établissement, notre rôle est de lui faire prendre conscience qu’il a fait une erreur. Nous souhaitons avant tout une éducation à la liberté, c’est à dire que je sais (l’élève) que je peux (dans le sens du « can » anglais et non du « may ») commettre une bêtise, mais si je la commets, je sais que l’on va me « tomber dessus ». Donc à moi de gérer mes limites… C’est en cela une forme d’éducation à la responsabilité.

Vous êtes en phase à ce que l’on pense, et comme dit François, on espère que lorsque l’on s’appuie sur un mur, on espère avant tout qu’il ne va pas lâcher, et nous entraîner dans sa chute …

En tant qu’adulte de l’établissement, nous sommes des piliers de référence pour les gamins, des piliers avec leurs qualités et leurs défauts, mais des piliers avant tout. Le discours qu’on a envers les gamins doit être clair. Je dis ce que je fais, je fais ce que je dis !

« Les enfants sont demandeurs de règles d’autorité et qu’ils puissent vivre dans des conditions satisfaisantes, tels ont été les propos que nous avons entendu au Play il y a 3 semaines lors de nos échanges avec les élèves actuels » nous dit Francis.
Pour finir j’aimerais demander à Messieurs Larroque et Quaeghebeur ce qu’ils pensent de la re-création de la liaison entre Collège Cévenol et Chambon, par l’intermédiaire de la fête des Jonquilles par exemple ?


Ce sera au retour des vacances de Pâques, nous devons lancer ce projet très rapidement. Le projet a déjà été évoqué en conseil d’internat et, même si la date peut poser problème, nous nous y inscrirons. Ce sera abordé lors de la prochaine réunion d’internat. Les élèves souhaitent que nous nous réunissions une fois par semaine. Ils voient que nous aussi nous souhaitons faire avancer les choses. Stratégiquement, avant de faire suite à cette demande et qu’il y ait une vraie inter-réaction Collège/Chambon, il est essentiel que le Collège redevienne rassurant pour les habitants du Chambon. Pour cela, il doit être porteur d’une certaine cohérence de ce qu’il se fait sur le plateau, en termes de discipline, de travail avec les autres écoles. Il s’agit peut-être de désacraliser le Cévenol et si les étapes sont en cours, la fête des jonquilles pourrait être une façon de faire la fête avec le village, de participer.

Francis Deval nous précise combien les gens du Chambon ont été très marqué par la présence conjointe au premier novembre de Fabien Larroque et Claude Schaff ensemble avec leurs élèves pour la commémoration de cette anniversaire, qui est un symbole.
Alors Monsieur Larroque, où en sont les divers projets tant éducatifs que festifs au Collège cévenol ?


En termes de formation, nous aurons une section « Euro-Allemand » pour les secondes, ce point est acquis et validé par le rectorat. On affirme ainsi encore un peu plus notre dimension internationale. On permet également aux élèves d’approfondir réellement une langue, cette possibilité étant de plus une mention au bac. Je tiens à préciser que le niveau, même s’il est abordable, doit être le reflet du travail de l’élève : concrètement il lui faut au minimum un 12/20 pour obtenir cette mention. Charles Denis Quaeghebeur est en train de travailler sur une section rugby. Encore une fois, il est important d’être en cohérence avec les parcours de formation que l’on peut retrouver dans les autres établissements du plateau. De plus, nous avons la structure adéquate et les partenariats. Nous organisons une section à l’intérieur de l’établissement nous précise Monsieur Quaeghebeur, ce qui n’est plus un partenariat comme pour le tennis, mais une vraie section. Ensuite, notre projet est l’option cinéma pour la rentrée 2009, sinon 2010 au plus tard. A noter que le collège du Lignon propose cette option, il est donc logique, dans la continuité des choses, de proposer également cette option au Cévenol. L’année prochaine la partie collège du Cévenol proposera une DP3 (Découverte Professionnelle 3 heures). Cette option est proposée à tous les élèves, quel que soit leur niveau ou leur orientation future. Elle s’intègre dans le cadre des options facultatives (comme le latin par exemple). Elle permet aux élèves de découvrir les métiers (organisation, histoire, évolution, voie de formation). Nous allons essayer de nous associer avec les collèges de St Agrève et du Lignon dans la recherche des partenaires entreprises, dans le partage des moyens de transport. Une fois de plus, mettre les moyens en commun est un atout majeur pour la sauvegarde de notre plateau. En outre, nous mettons en chantier une refonte des internats, nous repensons l’utilisation des bâtiments que nous allons essayer de rationaliser. Nous essayons actuellement de voir si nos idées ont une faisabilité possible, puis nous présenterons le projet au CA, et s’ils sont OK nous irons de l’avant. Sinon, il n’y a pas grand chose de neuf (éclats de rires dans l’assistance marquant ainsi que nous trouvons tous cette équipe de dirigeants formidable et modeste ce qui ne gâche rien).

Francis propose alors à Fabien que l’AACC puisse être mise à contribution dans le cadre du module DP3.

Fabien Larroque précise que cette option DP3 n’a rien à voir avec une voie de garage, bien au contraire, c’est une découverte (comme son nom l’indique) d’une profession, par des visites dans l’entreprise, ce qui veut dire aborder des choses très concrètes comme la présentation des branches professionnels de l’entreprise, le niveau des salaires, les études menant à cette professions, etc. Il ne s’agit pas d’orientation à proprement parler, mais la découverte du fonctionnement de notre société vis à vis de l’entreprise. Il va de soit que les élèves à la suite de telles ou telles présentations pourront exprimer leurs désirs de parcours scolaires, mais cette fois, en toute connaissance de cause. Il est évident que des anciens de l’ AACC peuvent recevoir, dans leur cadre professionnel, des enfants du Collège, et qu’il ne faut pas négliger cette opportunité. Nous allons pouvoir travailler avec les collèges alentours et c’est extrêmement intéressant pour le plateau.

Francis précise qu’il ne faut pas être seul sur une île déserte mais bien plusieurs à fonctionner dans un même sens.
Fernand ajoute que les visites en usine se faisaient déjà à son époque, il précise qu’il avait ainsi pu visiter les aciéries de la marine à Unieux (Près de Firminy), la coquerie de la Silardière, et avoir visité une centrale électrique.

François précise que l’une des ses belles-filles (qu’il nomme sa seconde valeur ajoutée…) travaillant chez Biomérieux, peut certainement recevoir un groupe d’élèves pour une visite.

Pour conclure, Fabien Larroque propose à l’AACC d’être présente pour la rentrée des internes en septembre 2009, afin de re-créer ce qui existait déjà à notre époque, c’est à dire permettre aux nouveaux élèves de se sentir entourés dès leur arrivée sur site.

Propos recueillis par Sam Debard.