15Apr2009
Antonio Plazas
Extrait d’une lettre d’Antonio Plazas à Françoise Bourély (élève au Collège de 1962 à 1966), datée du 3 janvier 2009 :
L’un de ces évènements a été l’exposition aux Roches, de peintures, œuvres de trois camarades d’exil réunis là en 1943 ! J’ai renoué alors avec quelques très anciens de mes premiers élèves de 1949 ! Et ensuite, voici que la publication sur Internet de mon adresse a fait le reste. Je ne sais si ton cousin réussira son pari de rencontres en 2009. Je le lui souhaite. Mais déjà, dès à présent, je suis ému de tant d’intérêt et, bien que mon état de santé ne me permette pas de réagir à tout et à tous, j’essaierai de garder le contact, au mieux.
N.D.L.R. Voir l’article consacré à Antonio Plazas sur le blog Petites et grandes histoires du Collège Cévenol à partir des documents aimablement transmis par Françoise Bourély.
Comments
Thursday 16 April 2009 | 09:41
Pour correction, je redis que j'ai été élève au Chambon de 1962 à 1966 ! Et j'ai même participé à un cours d'été en 1961...Antonio Plazas, professeur d'espagnol, a été "remercié" du Collège Cévenol courant 1964 mais il a laissé des traces dans les coeurs !
Thursday 16 April 2009 | 10:52
@Françoise : correction effectuée, ma chère cousine. Encore merci pour ta contribution !
Thursday 16 April 2009 | 21:14
merci beaucoup Françoise d'avoir rendu, j'allais dire enfin , hommage à Antonio qui, comme tu le dis a laissé des traces dans nos coeurs! j'ai fait allusion à lui dans la petite histoire "des Heures Claires" car il me semblait qu'il fallait préciser certains événements. La période si déchirante de cette année scolaire 63/64 est telle qu'Antonio a préféré ne plus en parler :aucune allusion à ses anciens amis ni à sa première femme : Suzie, ni à son renvoi, déshonorant pour ceux qui l'ont prononcé.la "faute grave" reprochée à mon père, ou plutôt le pretexte, et qui a conduit à son renvoi est ...d'avoir fait ovationner Antonio, lors du Journal Parlé du lundi 8 juin 64 car Antonio, bien que renvoyé de l'internat et malgré une campagne de diffamation contre lui, avait été réélu triomphalement Président de l'Association des Anciens le samedi précédent.
sur la photo (que vous pouvez voir sur l'album photo consacré à Tom Johnson, photo de groupe légendée "des professeurs et des élèves se rebellent. les élèves seront tous renvoyés") on voit Antonio donc déjà au courant de son renvoi de l'internat depuis Pâques mais encore professeur et Hollard, David Law, mon père qui ne savent pas que leur compte est réglé et espèrent encore une réconciliation, et leurs amis :De Raïssac, Tom, Loupiac, Galland,Westin, Vilalta, etc...qui la souhaitent aussi. l'autre "camp" : celui des "pieusards" ne la voudra pas et 7 professeurs seront renvoyés.
Thursday 16 April 2009 | 23:13
Merci Marianne de donner quelques pistes, cet épisode est resté gravé dans ma mémoire, avec encore aujourd'hui une colère adolescente presque aussi violente, un sentiment d'incompréhension (dû à une totale non explication de la part des "adultes") et d'injustice immense ! Peut-être aurai-je un jour une lueur de compréhension...
Ledit Antonio a encore et toujours le même rire et son humour tendre au téléphone et ça fait drôlement chaud au coeur !
Friday 17 April 2009 | 09:33
j'ai oublié de dire que la fameuse photo date du 10 juin 64 (erreur donc sur la légende qui dit 63)
Françoise: tu étais en colère: peux tu imaginer ma peine à moi: j'avais 5 ans, j'étais la petite fille probablement la plus heureuse du monde, j'habitais une grande maison aux "castors" quasi annexe du Collège, ce fameux Collège où allaient mes 6 grands frères et soeurs et où mon papa passait sa vie, je voyais ce collège par les fenêtres, d'une autre fenêtre je voyais le Lizieux, et aussi les jardins des voisins tous amis en ce temps là (malgré les difficultés financières qui ont suivies, papa a réussi à garder la maison, nous l'avons toujours !). notre maison était pleine, toujours , d'enfants, d'élèves qui passaient, de collègues qui restaient pour un café, un repas (un verre ? en cachette alors car le Directeur l'interdisait!), pour emprunter un livre (la bibliothèque de mon père était réputée) des discussions animées, des rires (ah le rire d'Antonio, et celui de Tom...)j'allais à l'école du village , chez Mme Grenotier, merveilleuse Mme Grenotier, j'étais en classe avec des enfants de profs et de villageois, on jouait à Thierry la Fronde dans les bois autour... et en quelques semaines, ce monde s'est écroulé, vraiment: plus de rires, mon père qui n'en pouvait plus de fatigue,de desespoir, les discussions qui se chuchotaient, la colère, l'incompréhension, une incroyable tristesse a recouvert notre vie. Nous avons du déménager (fuir?)! je me suis retrouvée en ville loin des bois et de mes amis! tu as raison de dire que les adultes n'avaient rien expliqué : qu'auraient ils eu à dire ? rien !des rancoeurs imbéciles, des jalousies mesquines, des envies de pouvoir, qui ont conduit une poignée de "pieusards" à porter leur démission à Theis en lui disant "c'est eux ou nous".Le blog m'a donné le déclic pour regarder les écrits de mon père (mort il y a un an) et contacter des "témoins" je suis à même de reconstituer toute "l'affaire" pour ceux que cela interesse. il me manque encore quelques données: des précisions sur M. Durham viré aussi et reparti en Amérique, et Ruth Raïchel ou Redchel dont je ne trouve guère de traces...(je suis donc preneuse de ces souvenirs)
amicalement
marianne
Friday 17 April 2009 | 18:15
@ Marianne
Tu as raison Marianne, ce serait vraiment bien d'éclaircir une bonne fois pour toutes cet épisode qui a réellement entaché ma perception du Collège. Es-tu une soeur de Jean Hatzfeld (journaliste et écrivain reconnu !) ? Nous avons été plusieurs années dans la même classe...Je suis preneuse pour toutes les infos concernant cette période, je me suis toujours bagarrée contre les injustices et c'est en grande partie dans ces années-là que j'ai construit mon esprit critique !!! MERCI mille fois de bien vouloir parler de tout çà, c'est aussi rendre hommage à toutes celles et tous ceux qui ont oeuvré toute leur vie pour un idéal et une certaine idée des relations humaines. Je suis vraiment ravie que ce blog serve aussi à cela !
Amitiés.
Françoise
Friday 17 April 2009 | 18:39
à Françoise
oui je suis la petite soeur de Jean, de Denis aussi et Marco et Camille (morte il y a bientôt trente ans), de Nicolas , de Jacqueline et la grande soeur de Béatrice!j'ai reconnu Jean sur une de tes photos.
amitiés
marianne
Tuesday 21 April 2009 | 10:07
à Marianne, merci de vos lignes !
Votre père, admiré et respecté, dont j'ai été l'élève de français en 1956-57, reste très discret (et très modeste comme d'habitude) dans son livre "Le Collège Cévenol a 50 ans..." sur la crise 63-64,lors de la retraite de Theis. Il décrit la situation mais ne nomme personne. Impossible par exemple d'en déduire qu'il était l'un des professeurs renvoyés et que ce renvoi a bouleversé la vie de la petite fille que vous êtiez et de toute votre famille. Comme Françoise, je crois utile que vous nous donniez des détails, que vous reconstruisiez cette affaire incompréhensible pour celles et ceux qui ne l'ont pas vécue. Comment des adultes intelligents, prétendument non-violents, animés de l'exprit de l'évangile ont-ils pu, avec l'expérience de tolérance et d'ouverture du Chambon, en venir à la calomnie et à l' exclusion ? Cette crise qui n'a jamais été mise à plat, jamais résolue, est restée, je crois, comme une ombre sur "l'esprit du collège", comme la source des ennuis futurs...puisque 40 ans plus tard les gens s'invectivent encore à coup de pieusards...
Votre père restera dans ma mémoire comme l'exemple d'un homme modeste et profondément bon pour qui l'enseignement était une vocation. Parmi ses bons élèves, j'avais obtenu une note éliminatoire en Français au bac. Il ne comprenait pas, moi non plus ! Il est allé au Puy rencontrer le correcteur pour avoir des explications. Ce dernier, un homme de gauche, n'avait pas aimé certains des propos excessifs de l'ado que j'étais à l'époque et votre père est venu me le dire, pour me consoler...Vous voyez, c'était un homme de coeur. Barthold Bierens de Haan
Wednesday 22 April 2009 | 18:22
je suis d'accord avec toi, Barthold, sur cette ombre qui, jamais vraiment levée, entache encore maintenant l'image du Collège. pardon pour le terme "Pieusard" qui peut te choquer. c'est mon père lui même qui l'a utilisé dans ses souvenirs. les amis qui se sont fait renvoyer, ou qui sont restés fidèles aux renvoyés, utilisaient à ce moment un autre terme: ils s'appellaient entre eux "les impurs" par dérision!, et ceux "d'en face" les "purs" mais ce terme a , sur ce Plateau, une ambiguité: c'est par ce mot que l'on désigne de façon familière et presque affectueuse, les protestants d'une église particulière qui se nomment entre eux "les frères de Plymouth". donc je n'utiliserais pas le terme de "purs". quand à savoir la définition du "pieusard" : par exemple c'est celui qui en ayant milité activement pour le renvoi d' Antonio Plazas, se retrouve avec ses complices le lendemain pour "prier pour lui afin qu'il se repente", c'est celui qui, comme dans l'extrait de lettre que j'ai cité dans "les heures claires" préfère l'Obeissance à Dieu plutôt que la Justice ou la Vérité. ces personnes ont parfois été embauchées au Collège sans diplome, sans compétence pédagogique mais pour leur foi et leur parcours religieux; s'ils avaient été , eux, renvoyés, ils n'auraient pas pu se recaser facilement donc bon nombre parmi eux se sont contenté "d'hurler avec les loups" plutôt que de lutter pour la paix et la qualité de l'enseignement...et risquer le renvoi!
merci beaucoup, Barthold, pour ce que tu dis de mon père, cela me touche vraiment et je crois que cela révèle bien ce qu'il était : d'une modestie presque maladive, adorant l'enseignement (il a eu plusieurs carrières, toutes brillantes et la dernière comme maitre de conférence à l'Institut de Recherche Pédagogique où il a été heureux, admiré et respecté) et detestant les conflits, mais ne reniant jamais sa parole ni ses amis, quoiqu'il lui en coûte. il a écrit le livre sur le Collège "petite histoire du'une grande aventure" dans une perspective historique, pour tenter de faire comprendre aux lecteurs "l'esprit collège" et non pour se valoriser ou se faire plaisir, c'est à cela aussi qu'on reconnait que c'était un vrai historien
Wednesday 22 April 2009 | 22:18
Un grand merci à Marianne et à tous les contributeurs de ce fil qui a permis d'éclairer des souvenirs tronqués ou totalement erronés. aucune explication sérieuse n'a jamais été donnée aux élèves, à cette époque, et très sincèrement, nos préoccupations n'allaient pas , probablement pour la plupart d'entre nous au delà des rapports entre adolescents et entre adultes et adolescents.
Je suis également preneur de tout moyen me permettant de communiquer avec Jean avec qui j'ai partagé la même classe et pendant un an, la même "piaule" à Djellaba...Marianne, J'ai eu ton père comme professeur d'Histoire et Géographie en seconde, et j'en garderai toujours un souvenir reconnaissant, pour l'importance de la qualité des rapports humains qui accompagnait toujours les acquisitions du savoir et des connaissances...
Thursday 23 April 2009 | 21:01
c'est évident que les adolescents ne suivaient pas de près les querelles adultes, sauf quelques grands "responsables de baraques" par contre je pense que tous les profs de cette époque étaient impliqués ou au courant...
je suis contente d'avoir pu obtenir des détails supplémentaires grâce à vous tous: j'essaie de reconstituer "l'affaire" = un vrai thriller!!!
Michel : je transmet ton bonjour à mon frère Jean...
Marianne Hatzfeld (mon mail : marianne.mermetbouvier@orange.fr
Monday 11 May 2009 | 01:52
Bonsoir, Marianne,
Etant délégué au CA du Collège Cévenol, je suis intéressé par les évènements des années 63 à 66. J'ai lu le livre de ton père "Le Collège Cévenol a 50 ans..." et cela m'a aidé à m'intégrer mieux en tant délégué parent d'élève, sans être ancien élève, et à participer à l'élaboration des projets du Cévenol pour les années 2009 à 2015. Connaître l'histoire d'une organisation permet de ne pas reproduire les erreurs du passé. Merci de me communiquer cette histoire qui complètera son livre.
Amicalement,
Yanni
Tuesday 12 May 2009 | 11:47
merci Yanni. tu n'es pas le seul à me demander des précisions. je peux donner ce que j'ai écrit à partir des souvenirs de mon père, du dossier important qu'il a laissé sur cette période (courriers de nombreux protagonistes, comptes rendus de réunions, et sorte de journal, etc...)et de témoignages d'autres personnes,dont quelques uns me sont arrivés grâce à ce blog. En tout cela fait une quinzaine de pages, je peux aussi le résumer. Je te remercie pour ce que tu dis sur mon père: il serait heureux que son livre serve à s'intégrer dans le projet "Cévenol". je ne sais pas si on peut éviter de reproduire les erreurs du passé: il faut avoir la volonté d'en tenir compte, une certaine écoute et humilité.
marianne Hatzfeld
Tuesday 12 May 2009 | 15:42
Je te suggères Marianne, c'est de finaliser la rédaction complète de ton texte et d'en faire un billet sur le blog petites et grandec histoires.
Avec bien sur un renvoi sur ce billet à partir d'ici pour que chacun en soit bien informé. Je le mettrais en ligne dès que tu me le fera parvenir.
Saturday 19 June 2010 | 19:40
qui est suzanne heim, la 1ère femme d'Antonio plazas ? J'aimerai comprendre cette histoire, très intessante. A bientot^ de vous lire, si vous voulez bien. Merci.